Examen régional Rabat-Salé-Kénitra juin 2021

Examen régional région de Rabat-Salé-Kénitra juin 2021 

Examen régional Rabat-Salé-Kénitra juin 2021

Mon père se recueillit un moment.

 – Je vous laisserai seuls pendant un mois. Je tâcherai de ne rien dépenser de mon salaire, il me sera possible de remettre l’atelier en marche dès mon retour.

Un grand silence s’établit, un silence lourd, moite, huileux et noir comme la suie. J’étouffais. Je désirais de toutes mes forces qu’une porte claquât, qu’une voisine poussât un cri de joie ou un gémissement de douleur, que quelque événement extraordinaire survînt pour rompre cette angoisse. Je voulais parler, dire n’importe quelle sottise mais ma gorge se serra et une plainte expira sur mes lèvres.

 Mes parents ne bougeaient pas, se transformaient peu à peu en personnages de cauchemar. Plus j’écarquillais les yeux pour les voir, plus ils devenaient fluides, insaisissables, tantôt transparents, tantôt d’un noir agressif, mais sans contours précis. Pour la première fois, j’eus la sensation du vide absolu, de la solitude sans miséricorde. Mon cœur se remplit de peine. Une boule dure se forma dans ma poitrine, gênant ma respiration. Je fermai les yeux. Je priai avec ferveur. Je me sentais abandonné aux portes de l’Enfer.

 Non ! Je n’ai pas encore oublié ces instants. Seigneur ! Je me souviens. Je me souviens de cette solitude vaste comme les immenses étendues des planètes mortes, de cette solitude où le son meurt sans écho, où les ombres se prolongent dans des profondeurs d’angoisse et de mort. Et le cœur qui saigne ! Source intarissable de peine, torrent surchauffé par les feux de mes chagrins et de mes douleurs ; cri de ma chair écrasée sous le poids de ta malédiction. Je n’étais qu’un enfant, Seigneur ! Je ne savais pas que le jour naissait de la nuit, qu’après le sommeil de l’hiver, la terre sous la caresse du soleil souriait de toutes ses fleurs, bourdonnait de tous ses insectes, chantait par la voix de ses rossignols. Mon père nous quitta le surlendemain à l’aube. Il partit, avec pour tout bagage, une sacoche de berger, en palmier nain, dont il avait fait l’acquisition la veille, une faucille neuve et un sac en toile, avec une fermeture à coulisse. Ma mère l’avait confectionné dans un morceau de haïk de coton et l’avait bourré de provisions : olives noires, figues sèches, farine grillée et sucrée, deux pains parfumés à l’anis et dix qarchalas. Nous appelons ainsi des petits pains ronds sucrés, parfumés à l’anis et à la fleur d’oranger et décorés de grains de sésame.

J’étais réveillé quand mon père partit. Ma mère lui fit quelques recommandations et resta après son départ, prostrée sur son lit, le visage caché dans ses deux mains. J’eus la sensation que nous étions abandonnés, que nous étions devenus orphelins.

Tout le monde dans le quartier devait être au courant de nos ennuis matériels et du départ de mon père. Ils manifesteraient à notre égard une pitié ostentatoire plus humiliante que le pire mépris. Mon père parti, nous restions sans soutien, sans défense.

Le père, dans une famille comme la nôtre, représente une protection occulte. Point n’est besoin qu’il soit riche, son prestige moral donne force, équilibre, assurance et respectabilité.

II. Etude de texte (10pts) :

1) Complète le tableau suivant:

 Auteur

 Titre

 Genre

 Siècle

 

 

 

 

2) Pour situer ce passage, répondez à ces deux questions :

a-Pour quelle raison le père quitte-t-il sa femme et son fils unique ?

b-Quel métier va-t-il exercer ?

3) « Un grand silence s’établit, un silence lourd, moite, huileux et noir »

a- A quoi est dû ce silence, quel en est la raison ?

b-Relevez deux figures de style contenues dans cette phrase.

4) Dans le paragraphe : « Mes parents…l’enfer »

 a- Quel est le sentiment dominant ?

b-Justifier à l’aide de 4 mots ( ou expressions).

5) Transformez cette Phrase au discours indirect :

Mon père nous annonça : « Je vous laisserai seuls pendant un mois. Je tacherai de ne rien dépenser de mon salaire »

6) Complétez d’après le texte (deux mots ou expressions par ligne)

Réactions et sentiments après le départ du père

La femme

 

La femme est l’enfant

 

7) Réactions des voisins :

a- Comment les voisins réagiraient-il par rapport au départ du père ?

b-Pourquoi le narrateur craint-il cette réaction ?

8) Que pensez-vous de la décision du père de quitter sa famille ?

Développez votre réponse en deux lignes maximum.

II. Production écrite (10pts) :

Dans la boite à merveilles, les femmes sont, comme ce fut le cas autrefois, ignorant, soumises et superstitieuse.

Pensez-vous personnellement qu’il en est toujours de même (que c’est toujours le cas) dans la société marocaine d’aujourd’hui ? Développez votre point de vue en vous appuyant sur des arguments et des exemple précis.

Vous trouverez la correction de cet examen dans ce lien: Correction de l’éxamen régional Rabat-Salé-Kénitra 2021

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